Une présence dérangeante [libre][Abandonné]

C'était une belle journée aujourd'hui à Blackfield. Le soleil scintillait chaleureusement dans un ciel d'azur sans aucun nuage et l'odeur des fleurs printanières se diffusait tranquillement dans le parc. Tout était réellement idyllique sauf peut être pour le proviseur du pensionnat. En effet, Edward avait en horreur ce genre de temps et ne le supportait que grâce au vent qu'apportait les fenêtres de taille démesurée. Il avait fait mettre devant des rideaux translucides pour que la lumière ne l'éblouisse pas totalement. Certes, il aurait pu user de la télékinésie pour remédier rapidement à cette tâche mais avait préféré employer le concierge qui à son goût ne faisait pas grand chose. Tout en pensant à comment il allait rétablir l'ordre dans l'enceinte du lycée, il nettoyait son poignard avec une telle ardeur qu'on eût cru qu'il était composé d'une lame de lumière tellement le reflet du soleil s'exerçait sur le petit couteau. A présent, il était le moment de lui attribuer quelques pouvoirs. Alors, le proviseur Granstorm se leva et fixa avec acharnement l'objet afin de se concentrer sur et uniquement sur. Le faisceau de lumière blanche qui en émanait virait peu à peu au jaune d'oeuf en passant préalablement par un contraste fort joli. Ensuite, semblant insatisfait de son ouvrage, il continua de plus belle jusqu'à arriver à une teinte orangée rougeâtre. Enfin son travail allait être terminé, son pôignard aurait une capacité extraordinaire et il l'aiderait surement à vaincre d'ignobles créatures qui voudraient l'attaquer. Mais soudain, un bruit retentit dans la pièce, provenant de la porte d'ébène à la poignée d'or plaqué. Quelqu'un frappait à petit coups réguliers. Excédé par cela, l'homme faillit littéralement briser son arme par la seule force de la pensée qu'heureusement il parvint à contrôler. Il lança à l'adresse de la ou des personnes à l'arrière du grand morceau de mois ces mots d'une voix dans laquelle il essaya de cacher le moindre sentiment d'agacement, comme il l'avait fait quelques secondes avant avec le poignard :

- Entrez !

La poignée tourna et la porte s'ouvrit à la volée laissant apparaître deux personnes que Edward reconnut comme étant d'une part le conseiller d'éducation et d'autre part un étudiant dont le visage était indescriptible car trop baigné de lumière. On n'arrivait pas encore à en distinguer le sexe même quand le surveillant lui fit signe d'entrer et partit immédiatement. Le proviseur indiqua une chaise à l'adolescent et lui adressa d'un ton froid :

- Asseyez vous donc.

Puis il reprit les yeux toujours rivés sur cet inconnu :

- Pourquoi êtes vous ici ?

Il s'adossa de plus belle dans son fauteuil en attendant une justification de la part de son interlocuteur.

Amy avait encore trouvé une idée pour essayer de partir de Blackfield. Celle-là avait été directement inspirée par les actes de Thomas. ELle avait remplacé le produit lave-main de la professeur de mathématiques par de la colle blanche extra-forte. Ensuite, profitant d'être en avance, car l'adolescente détestait la récréation, surtout qu'elle ne s'entendait avec personne dans ce cimetière, elle était rentrée dans la salle et avait subtilisé les feutres tableaux pour les remplacer par ces indélébiles. Une fois de plus, tout avait merveilleusement marché.

Madame Woodstock, une fois le tableau à craie remplit, décida d'ôter de ses mains les résidus calcaires laissé par les différents batonnets. Elle saisit donc le pot initiallement de lave-main, et se frotta copieusement les mains avec. Puis elle saisit un feutre (indélébile) et continua sa démonstration. Malheureusement, quand elle eut fini sa démonstration, elle s'avéra incapable de reposer le stylo ou de le refermer : elle était collée à se dernier. D'un regard glacial et énervé, elle parcourut la classe silencieuse. Son regard s'arrêta sur Amy occupée à dessiner sur son cahier. Un léger sourire étirait ses lèvres. Sentant le regard de madame Woodstock peser sur elle, elle releva la tête. Elle n'aurait pas dû, car elle sentit un énorme fou rire monter et elle ne parvint pas à l'éviter.

Mademoiselle Blackstone, vous dépassez les limites. Joey, amenez la chez le conseiller d'éducation et expliquer lui la situation.

Le garçon se leva en ronchonnant et attendit d'un air guindé qu'Amy rassemble ses affaires. Le conseiller d'éducation leva les yeux au ciel en reconnaissant la jeune fille et renvoya assez sèchement Joey. Puis il porta un regard mécontent sur Amy.

C'était une fois de trop. J'abandonne toute idée de vous voir vous calmer et vous comporter de façon civilisée.

C'est ça, dit que je suis une barbare aussi.

Il soupira devant le manque de réaction apparente de la jeune fille. Cette dernière se retenait de froncer le nez. Il fallait vraiment que l'homme change de parfum. Ou qu'il arrête de fréquenter des taureaux en rut. Il la précéda et la guida jusqu'au bureau du proviseur, il toqua et ouvrit lorsqu'on lui répondit d'entrer. Puis il partit, la laissant seule avec monsieur Edward Granstorm, proviseur du lycée de Blackfield. Il lui désigna une chaise.

- Asseyez vous donc.

Elle obéit, assez impressionner par l'homme, et par la pièce il faut dire. Elle affecta une pose décontractée, comme si elle avait l'habitude de se retrouver dans cette situation.

- Pourquoi êtes vous ici ?

Ah, la question délicate.

Je me suis faites renvoyer du cours de madame Woodstock, pour insolence et comportement honteux... monsieur. Je crois que le conseiller d'éducation n'apprécie pas mes visites répétées à son bureau.

Elle essaya d'afficher une expression neutre, mais le coin de sa bouche se soulevait agité par un tic. L'odeur du beaureau était assez agréable, plus que celle du conseille d'éducation, en tout cas.

Quand elle s'assit, Edward put enfin reconnaître l'élève dénommée Amy Blackstone. Le conseiller d'éducation lui en avait largement parlé car elle commettrait souvent des méfaits. Alors elle était ici pour avoir eu un comportement honteux envers le professeur Woodstock. Pour une fille qui se trouvait dans le bureau du proviseur elle semblait bien calme mais il réussit à débusquer chez elle un sentiment d'intimidation en voyant sa lèvre bouger sans cesse. Elle avait surement réellement quelque chose à se reprocher et voulant en apprendre plus, le proviseur Granstorm n'hésita pas à faire intrusion dans l'esprit de la jeune fille à son insu. Mais une espèce de barrière psychique empêchait Edward de continuer, pourtant son obstination parvint à la détruire. Il vit à l'intérieur de son être une personne ayant subi certaines manipulations génétiques puisqu'il revoyait incessament des scientifiques en blouse blanche. Mais cela ne l'intéressait qu'à peine puisqu'il arriva dans une salle de classe mal éclairée vide. Il prenait un tube de colle et un autre récipient. Puis des feutres... C'en était suffisant. Il pouvait sortir de l'esprit de la demoiselle. Cependant, un détail le frappa. En effet, une couleur orangée parsemait l'esprit de celle-ci. Il voulait en connaître la cause. Soudain, la connexion s'interrompit brusquement. Il espérait que Amy n'avait rien remarqué. Comme si de rien n'était il lui annonça:

- A ce qu'il paraît vous auriez substitué un pot de colle au lave-mains de Madame Woodstock. De plus, ces feutres ont été remplacés par des indélébiles. Ne me demandez pas comment je le sais, est ce que vous avouez avoir commis ces actes ?

Edward était bien décidé à faire parler mademoiselle Blackstone et ainsi vérifier si elle était sincère ou pas. Peut être même pourrait-il lui soutirer des informations sur les plans des élèves pour faire régner l'anarchie à Blackfield... En attendant sa réaction, il se mit à contempler la magnifiscence du bois qui composait son bureau. Comme il était bien sculpté mais ce que le directeur y aimait le plus, c'était son odeur chatoyante de chêne fraichement coupé...

Amy se sentit bizarre un instant, comme quand on fait une nuit blanche et que notre organisme a besoin de récupérer. Elle cligna plusieurs fois des yeux, et le malaise se dissipa. Rien d'inquiétant, après tout, elle détestait le pensionnat et n'arrivait pas à s'y sentir suffisament bien pour dormir correctement.

- A ce qu'il paraît vous auriez substitué un pot de colle au lave-mains de Madame Woodstock. De plus, ces feutres ont été remplacés par des indélébiles. Ne me demandez pas comment je le sais, est ce que vous avouez avoir commis ces actes ?

Mince... Comment il le sait ?...

La jeune fille laissa échapper un soupir.

Oui, j'avoue c'est moi qui ai joué ce mauvais tour à madame Woodstock. Je trouve qu'il n'y a pas assez d'action ici. Si vous voulez mon avis, même dans un établissement aussi réputé, on devrait avoir droit à un peu de fantaisie... Enfin, c'est mon avis... monsieur.

En tout cas, elle remerciait Thomas de lui avoir donné "quelques petits tuyaux utiles en cas de besoin de liberté urgent", comme il disait si bien. Tout ses méfaits justifieraient-ils le renvoi qu'elle espérait ardement depuis quelques temps déjà ? Son père serait surement déçu, sans parler de sa mère, mais au moins elle n'aurait plus à supporter tous ces moutons bêcheurs. Elle s'attendait aussi à un sermon de la part de monsieur Granstorm.

"Tu verras, les proviseurs sont tous les mêmes, ils parlent ils parlent... tu fais semblant de les écouter, avec un air contrit, et tout passe..."

La phrase de son ami s'imposa à son esprit. Bah, et puis pourquoi pas ? Elle attendit la réaction de l'homme qui semblait absorbé dans l'observation de la scultpture de son bureau. Depuis un certain temps, Amy arrivait à mieux y voir, par exemple, elle voyait le grain de qualité qui était sans doute du chêne. Ça avait dû coûter cher... C'est beau l'argent des impôts...

La dernière phrase prononcée par Amy laissa de marbre le proviseur. Il voyait bien qu'elle tentait de rendre l'ambiance plus drôle mais l'heure n'était pas à la rigolade. Cette étudiante n'en était-elle pas consciente ? C'est du moins ce qui travaillait l'esprit de monsieur Granstorm cherchant la réponse qu'il pourrait lui offrir. Là encore, il retourna dans les pensées de mademoiselle Blackstone. Il apercevait un visage de garçon, ressentit de la joie puis ne se contentant pas de cela il plongea de plus en plus profondément dans son cerveau malgré certaines ridicules réticences inconscientes d'elle. Il devait trouver pourquoi elle avait dit cela. La solution était qu'elle souhaitait être renvoyé. Tout se tenait. Mais Edward n'allait pas lui laisser ce plaisir , il commencerait par lui titiller l'esprit de toutes ses capacités imaginables. Alors il lui adressa :

- Vous pensez donc que l'on manque de fantaisie à Blackfield ? Peut etre à cause des graves évènements qui s'y déroulent, mademoiselle. Bien entendu vous n'êtes pas au courant de ceci et d'ailleurs vous ne le serez pas. Les pathétiques actions que vous avez mené dans le but d'entraver les rouages centenaires de cette école m'importent autant que le fait de savoir combien de grains de sable il y a sur une plage. Ce que je veux dire c'est que même si vous mettiez feu à mon bureau voire au pensionnat tout entier, cela ne changera rien à votre situation. A votre avis, pourquoi ne vous renverrai-je pas chez vous ?

Avant qu'elle ne puisse donner son opinion, il pénétra de plus belle dans son être et lança un message télépathique si puissant qu'il craignait de la voir défaillir. Il lui envoyait des ondes négatives d'une quantité énorme à son insu, espérant une réaction de sa part. Un léger sourire vint s'inscrire sur son visage lisse quand il aperçut les craintes les plus secrètes de Amy. Il les réveilla de toute l'ardeur qu'il pouvait afin de la tourmenter davantage. Alors peut être qu'elle se rendrait compte d'une chose importante...

Vous pensez donc que l'on manque de fantaisie à Blackfield ? Peut etre à cause des graves évènements qui s'y déroulent, mademoiselle. Bien entendu vous n'êtes pas au courant de ceci et d'ailleurs vous ne le serez pas. Les pathétiques actions que vous avez mené dans le but d'entraver les rouages centenaires de cette école m'importent autant que le fait de savoir combien de grains de sable il y a sur une plage. Ce que je veux dire c'est que même si vous mettiez feu à mon bureau voire au pensionnat tout entier, cela ne changera rien à votre situation. A votre avis, pourquoi ne vous renverrai-je pas chez vous ?

Mettre le feu au pensionnat ? Hum, elle n'y avait pas pensé. Mais bon, sans briquet ça n'aurait pas été facile.

A nouveau, elle se sentit bizarre, mais ce ne fut pas comme la fois précédente. Cette fois-là c'était bien plus grave. Elle se sentait opressée, opprimée. Des vieilles peurs d'enfants se réveillèrent en elle, des peurs qu'elle pensait avoir enfoui assez loin. Des peurs puériles, et d'autres, plus ancrées, plus réalistes. La peur de rester enfermer dans cet horrible endroit. La peur de perdre Thomas...

La jeune fille se leva d'un bond et recula. Elle voulait s'éloigner à tout prix de ce bureau, du proviseur, de Blackfield. Une seule chose lui importait désormais : fuir. Partir loin d'ici, et tant pis pour le regard des gens, cela faisait des années qu'elle n'y prêtait plus attention.

Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? Laissez moi partir !

Elle se sentait mal. Est-ce que sa mère savait en l'envoyant ici ? Sûrement.

L'effet que le proviseur attendait ne se fit pas attendre : l'étudiante commençait à craquer. Il n'arrivait pas à se retenir de pousser un rictus malfaisant et c'est pour cela qu'il essaya de toutes ses forces de ne pas le faire. Finalement, seulement un léger sourire sadique s'était dessiné sur son visage. Cette fille voulait sortir de la pièce mais malheureusement, Edward n'était pas prêt à la laisser faire. Aussi, grâce à la télékinésie il bloqua toutes les issues de son bureau rendant en quelque sorte prisonnière Amy Blackstone. Il n'en avait pas du tout fini avec elle même si elle lui demanda de l'autoriser à fuir. En plus, elle ne croyait pas en l'identité de simple proviseur de monsieur Granstorm puisqu'elle lui affligea la question "Qui êtes vous ?". Décidé à faire perdre l'envie à la jeune de recommencer ses délits médiocres, il annonça :

- Mademoiselle Blackstone, je suis le directeur de cet établissement. Pourtant, à la façon dont vous me regardez, j'ai l'impressions d'être un monstre. Cessez donc de me dévisager je vous prie, c'est d'une impolitesse ! Vos parents ne vous l'ont jamais enseigné ?

Pendant qu'il parlait, il entrait dans les pensées de l'élève avec une facilité de plus en plus déconcertante. Elle semblait connaître l'existence des mirages... Intéressant selon lui. Alors il reprit :

- Amy, vous n'avez jamais songé que vous étiez capable de plus ? Pas au niveau scolaire non, mais au niveau psychique et physiologique.

Il sentait que c'était le sujet à aborder avec elle. Ainsi il pourrait en apprendre plus sur ces mutants.

Jamais elle n'avait eu aussi peur. Le proviseur était vraiment flippant, et son sourire n'était en rien rassurant. Elle ne se sentait vraiment pas bien. Elle n'avait qu'une seule envie partir d'ici, a tout prix. Partir loin de Blackfield.

- Mademoiselle Blackstone, je suis le directeur de cet établissement. Pourtant, à la façon dont vous me regardez, j'ai l'impressions d'être un monstre. Cessez donc de me dévisager je vous prie, c'est d'une impolitesse ! Vos parents ne vous l'ont jamais enseigné ?

Elle baissa les yeux, et les garda résolument fixés sur ses Doc Marten's noires. Il fallait qu'elle parte d'ici. Et ce que lui avait enseigné ses parents... les usages d'une société hypocrite qu'elle ne supportait pas. Non merci.

Amy, vous n'avez jamais songé que vous étiez capable de plus ? Pas au niveau scolaire non, mais au niveau psychique et physiologique.

Elle releva la tête légèrement intriguée. Où voulait-il en venir ? Elle le savait mais refusait de l'admettre.

Capable de quoi ? Je ne suis qu'une adolescente dans un pensionnat et qui n'a qu'une seule envie, rentrer chez elle, monsieur.

Et la seule chose dont je suis capable, c'est de m'attirer des ennuis.

Elle ne se considerait pas comme capable de choses extraordinaires. Certes, il lui arrivait des trucs un peu bizarres ces derniers temps, mais dans un endroit pour elle lugubre comme le pensionnat, cela n'avait rien de décalé. Dès le premier regard qu'elle avait posé sur Blackfield, elle avait pressenti que des trucs pas très nets s'y déroulaient. Mais bon, cela serait étonnant que le proviseur de l'établissement vît les choses de la même manière.

» Perspective incertaine [PV Zoey Hanson + libre]